Une hôtesse souriante nous introduit en son domaine de conte de fées…
C’est une vaste salle lumineuse où des vitrines illuminées révèlent les éblouissements de la caverne d’Ali Baba. De toutes parts, jaillissent les éclats gais et malins des joyaux qui s’offrent à charmer et séduire les visiteurs. D’entrée, un bouddha tutélaire s’impose à la vue, sculpté dans l’épaisseur de l’ivoire d’une défense de mammouth antédiluvien par l’anonyme artiste asiatique qui la transcende par son génie jusqu’à la divinité.
Puis, le regard est capté avec ravissement par les pierres précieuses, semi-précieuses ou fines, brutes dans leur gangue, ou taillées subtilement ou encore montées en bijoux.
Elles sont toutes là, et chacune révèle sa teinte et son nom (et son prix !), déjà familier, saphir, topaze, rubis, grenat, émeraude, …et les résumant toutes, l’opale et sa magie. Ici s’écroule l’absurde légende qui fait de cette gemme, un porte-malheur en raison des infortunes d’une princesse européenne du siècle dernier. L’opale est bien vue en Angleterre, mais en France, la stupide superstition demeure… Ce joyau s’est fait rare chez les bijoutiers.
Les opales viennent du monde entier, du Brésil, du Mexique, d’Inde, d’Afrique du Sud et d’Australie, et même de Saint-Ouen, aux portes de Paris ! Elles se cachent dans des roches sédimentaires en fins filons, où pense t-on, des bancs de poissons se sont fait emprisonner sous les pressions formidables subies par les sédiments lors des plissements de l’écorce terrestre. Ces fossiles donnent à l’opale ses coloris irisés, profonds et chatoyants qui restituent toutes les nuances du prisme. L’opale est unique, même apparentée à des familles de silicate hydraté, notamment d’alumine.
Elle s’offre noire, blanche, d’or, verte ou bleue, brillante ou laiteuse, avec des scintillements roses, violacés ou orangés, fugaces sous la lumière qui l’éveille. Elle craint la chaleur vive, les chocs brutaux et souffre d’être taillée en facettes.
On la polit donc en cabochon, en table douce et on peut même la ciseler en camée. Elle aime l’eau, qui la rajeunit, et dans une atmosphère sèche, elle dépérit en perdant ses reflets mystérieux et peut même se gâter tout à fait en se désagrégeant. Mais qui pourrait y être indifférent au point d’oublier de la chérir ?
Pierre semi-précieuse, elle s’accorde à la perfection avec ses rivales qualifiées de précieuses, et offre sa magie à de fabuleux bijoux qui n’apportent avec elle que le bonheur…
Yvonne DAVIDOV