Vendredi 8 au matin, en ouvrant les volets, c’est d’un sourire amusé que l’on considère le paysage couvert de neige. Les flocons tombent toujours serrés et brouillent un peu la vision, le mistral balaie les toits déjà bien chargés : on se croirait à la montagne !
Mais plus les heures passent et plus l’indulgence du début décroit. Tout se nivelle sous l’effet du vent, les allées s’estompent, les arbres plient sous le poids et cela ne s’arrête pas. Chacun reste précautionneusement chez soi, seuls quelques propriétaires de terrasse dégagent par moment les portes qui s’ouvrent vers l’extérieur. Parce que voilà, revers de la médaille, peu de personnes sont équipées, ni pour déblayer, ni pour sortir par un temps pareil. Alors on fait avec les moyens du bord, la pelle à poussière en plastique, la plaque métallique du four, la fourche… avec une efficacité limitée. Emmanuel se bat contre cette poudreuse qui recouvre rapidement les quelques mètres carrés dégagés. Pour couronner le tout, l’électricité est coupée pendant près de trois heures dans l’après midi. Alors on ferme bien portes et fenêtres et l’on attend.
Nous avons attendu trois jours.
Tout est bloqué, aucune voiture ne peut rouler. Comme il ne neige plus le samedi, Michel, Gérard et Emmanuel dégagent un peu, à nouveau, l’entrée de la résidence et positionnent, avec beaucoup de mal, le minibus à l’entrée de la route quasi impraticable qui nous dessert. C’est en profitant de cette sortie pour aller chercher du pain pour plusieurs personnes que Gérard rencontre un conducteur d’engin privé qui déblaie le chemin de la Calvette. Il lui demande s’il lui est possible de nous venir en aide et celui-ci accepte de faire un passage sur la route et de finir de dégager le club house. Pour le reste, il reviendra lundi. En attendant ceux qui le peuvent déblaient un petit passage devant chez eux mais qu’en est-il de ceux qui ne peuvent pas bouger et de ceux qui ont besoin de soins journaliers ? Les allées de la résidence sont dangereuses (en témoignent deux voitures immobilisées en travers d’une allée) et les assistantes de vie ne peuvent pas visiter leurs patients. La solidarité joue mais tout cela reste aléatoire et la résidence vit au ralenti. Dimanche n’a pas amélioré les choses, il fait un soleil radieux mais pas assez chaud pour faire fondre toute cette neige accumulée.
Lundi enfin les allées principales sont dégagées et nous revoyons les assistantes et la camionnette qui livre les repas de la mairie. Tout n’est pas résolu mais cela va déjà mieux.
Et si nous nous équipions d’un petit engin comme celui là ?C’est une souffleuse à neige, le terme est impropre car la vis aspire la neige et la rejette sur le coté, en France on l’appelle aussi fraise à neige. Au Québec les particuliers en sont équipés et l’hiver le bruit des souffleuses remplace celui des tondeuses. Cela a l’air difficile d’en trouver chez nous mais sa présence aurait été bien utile ces derniers jours.
Doit-on rire d’une telle idée ou pouvons-nous en discuter ?
Article Michelle Marteau / Photos Marc Dubois et Michelle Marteau