Ce petit village provençal possède une particularité unique en Provence : il bénéficie de la plus jolie vue sur l’aqueduc romain du Pont du Gard alors que celui-ci se trouve sur les communes de Remoulins et de Vers-Pont-du-Gard.

C’est l’un de ces magnifiques villages provençaux fortifié qui revit après quelques années d’abandon grâce à ceux que les gens du pays ont commencé par appelé les ‘fadas’ lorsqu’ils achetaient les ruines. Ces initiatives allaient pourtant faire revivre le cœur de leur village et leur procurer des emplois de bâtisseurs.
Mais avant d’en arriver là, Castillon du Gard, qui s’est appelé successivement Castrum de Castellione puis Castillio en passant par Castilhon, a connu une histoire chargée en honneur et en pillage comme beaucoup de villages de la région.
Pour connaitre cette histoire nous avions rendez vous avec Roger PERON adjoint au maire et écrivain à qui deux ans de recherche, dans les archives communales et nationales, ont été nécessaires pour mettre à jour une histoire presque complète de Castillon.

Nous avons été rejoints par la résidence Le Paradou et tous ensembles nous avons été écoutés l’historique de Castillon et de sa région.
Roger PERON est passé rapidement sur la préhistoire, le néolithique et nos ancêtres les Gaulois même si les vestiges, découverts et datant de ces époques, présentent un réel intérêt. Nous avons rejoint le Moyen Age et la construction de Castrum village fortifié construit par l’évêque d’Uzès qui était le suzerain de la région.

« De 860 à 950 de notre ère, le Midi a connu des invasions, des destructions et des razzias. Le seigneur d’Uzès et les autorités ecclésiastiques prendront la décision de construire une place fortifiée qui comprendra la construction d’un château, de ses appartenances, d’un embryon de village, et bien sûr, d’une ceinture de remparts.
Nul doute que la psychose des épidémies incita également les autorités et la population à se réfugier sur les hauteurs entourées de remparts.
Cependant l’intérêt du seigneur était également d’ordre financier. Une fois la population rassemblée autour de lui, il pouvait les commander à sa guise et les soumettre à l’impôt. En échange celui-ci les protège, les loge, leur donne du travail dans les terres seigneuriales où les revenus de la quasi-totalité de la récolte lui reviennent. C’est un système capitaliste qui se met en place sous la féodalité, qui va perdurer encore de nos jours sous différentes formes ! » (Extrait de Castillon du Gard – Un village du Languedoc de Roger Peyron)

C’est donc aux alentours du XIe, au plus tard au début du XIIe siècle que débutèrent les travaux. Certaines maisons sont construites avec des pierres de taille du Pont du Gard récupérées par chariot !
Le château qui s’appuyait sur les remparts est du village a été démoli au cours des guerres de religion. En 1628 le duc de Rohan a fait abattre les trois quarts des remparts pour éviter que le village ne serve de place forte.

De vouloir se réfugier et vivre sur les hauteurs ne comportait pas que des avantages. L’eau était absente sur ce piton rocheux qui culmine à 92m. Une citerne fut donc creusée dans la roche d’une profondeur supérieure à 10m. Tout un réseau de canalisation récupérait les eaux pluviales des toitures pour les déverser dans la citerne.
Egalement à proximité de la fontaine située sur la place publique, se trouve un grand puits d’une profondeur de 37m et qui servit près de 40 ans.
Notre village s’est modifié au cours des ans. Il fut l’un des premiers villages à pratiquer la culture de la vigne. Entre les guerres du roi, des seigneurs, les routiers, les épidémies, les disettes, les révoltes de paysans, les incendies, la Révolution ! il est arrivé à notre époque moderne, plus précisément au début du XXe siècle où l’exode rurale à désertifié le village.

« Au cours des années cinquante, la population de Castillon du Gard comptait 450 habitants. Cependant le centre du village se dépeuplait et laissait les maisons abandonnées, livrées aux intempéries. Peut de gens s’intéressèrent aux ruines de Castillon lorsqu’une dame vint et acheta dix maisons. On la surnomma ‘Miss ruine’. Puis vint un suisse qui lui fut surnommé le ‘fada’ et d’autres suivirent. »

« Aujourd’hui le vieux village dresse fièrement ses maisons rénovées grâce à ceux qui ont su avec beaucoup de patience, de goût et d’argent redonner les lettres de noblesse à ce vieux village qui ne cessait d’agoniser »
(Tous les textes entre guillemets sont extraits de Castillon du Gard Un village du du Languedoc).