Taulignan, au cœur du pays de Grignan, abrite un musée de la soie.
Quel chemin parcouru entre le Bombyx du mûrier et l’écharpe en soie que l’on enroule autour du cou. Nos séniors de Montélimar Village ont suivi cela avec attention lors d’une visite le 20 février.
Venue de Chine, la sériciculture en est le premier épisode. Le Bombyx féconde sa femelle qui pond des centaines d’œufs. Tous ne donneront pas de vers à soie. De quelques millimètres à la naissance, après plusieurs mues nécessaires à son développement et pendant 7 semaines, la chenille alimentée plusieurs fois par jour dévore des milliers de feuilles de mûriers blancs (souvent de très jeunes feuilles, c’est meilleur pour la qualité du fil à venir) pour augmenter de 10 000 fois sa taille.
Dès qu’elle jeûne pendant deux jours, on la dépose sur des branchages entrelacés : c’est l’encabanage pendant lequel le vers « bave » un liquide : c’est ce qui va faire le fil. Il développe en 3 jours environ 800 mètres de fil qui s’enroulent et forment le cocon qui devient dur. On doit ensuite très vite l’ébouillanter pour tuer le ver à l’intérieur avant qu’il ne sorte pour devenir à son tour papillon (le cycle recommence). Si cela était, le cocon percé serait indisponible parce qu’abîmé et le fil serait rompu.
Puis vient alors le moulinage.
On commence par le filage, à savoir défaire le travail du ver pour obtenir le fil. Pour cela, on plonge le cocon dans l’eau chaude pour l’assouplir, on le « bouscule » avec un balai de bruyère appelé escourbette, balai auquel s’accroche le fil du cocon. Il suffit lors de le tirer : c’est le tirage avant le dévidage qui enroule le fil sur une tavelle octogonale. Pour rendre le fil plus gros, on en groupe plusieurs (par 2 ou 3) : c’est le doublage. Et si on veut encore consolider le fil, on agit par torsion.
Ces 4 opérations successives se font dans des locaux chauds et humides pour ne pas caser la soie qui est fragile
Reste le tissage pour finir le cursus; par un jeu de croisements de fils (colorés par des plantes ou naturels) en va-et-vient: cette opération est maintenant mécanique, progrès oblige. Les tissus peuvent être grèges ou très colorés, unis ou avec dessins, dans une soie plus ou moins épaisse, satinée ou moirée
Pour en terminer, rendez-vous à la boutique pour admirer le résultat de toutes ces manipulations.
Et pourquoi pas s’offrir une belle écharpe.
Photos et texte : Josette VITON