L’ESCAPADE ARDECHOISE des SENIORIALES
L’Ardèche, rude et ô combien pittoresque, prêtait son cadre tourmenté aux septièmes « Rencontres Amicales des Senioriales du Sud-Est », en ces journées automnales d’Octobre 2015.
Une centaine de « globe-trotters », représentant seize « Senioriales », se sont ainsi retrouvés, du 13 au 16 octobre 2015, au cœur de l’Ardèche, au Village-Club « Pierre et Vacances » du Rouret, près de Grospierres.
Un programme culturel autant que festif avait été concocté à leur intention par le « staff animation » de la Direction des Senioriales.
La « Ferme-Théâtre de Lablachère »
Une immersion dans l’univers musical d’un ardéchois de cœur et d’adoption, Jean FERRAT, constituait la première étape de cette programmation. Jean-Marc Moutet, créateur et unique acteur du spectacle, en compagnie de son épouse Cécile nous accueillent avec chaleur dans le cadre rustique de l’ancienne ferme familiale.
Jean FERRAT nous reçoit dans son bureau, gérant son quotidien, téléphonant à son producteur, concluant ses contrats. Il effeuille la malle aux souvenirs, nous parle de ses parents, de son enfance, de ses amis. Jean-Marc, l’interprète, se glisse avec un naturel déconcertant dans la peau de l’artiste. Par un jeu sobre et authentique, il fait resurgir sa vie, pleine de passions et d’engagements, le tout ponctué d’extraits de « tubes » en version originale, où paysages et scènes de la vie courante s’animent, où mélodies et poèmes s’harmonisent, portés par la voix chaude de l’artiste. Bref, le « FERRAT » que l’on aime ! L’émotion est palpable !
Jean-Marc et Cécile.MOUTET.créèrent cette remarquable évocation en 2001. En août 2004, Jean FERRAT déclarait, après en avoir pris connaissance :
« Mémorable récital, où j’ai pu voir passer ma vie en chansons, de la plus belle façon et avec beaucoup d’émotion ».
Quel plus beau compliment pouvions-nous dédier à ce spectacle de qualité, et quel plus bel hommage à un artiste ambassadeur de la chanson française !
La Caverne du Pont d’Arc (Grotte Chauvet)
Cette étape à Vallon-Pont-d’Arc représente, il me semble, le « temps fort » de notre voyage.
Le 18 décembre 1994, Jean-Marc CHAUVET et ses amis spéléologues, au cours de leurs investigations, distinguent, au pied d’une falaise, une minuscule cavité entravée par un éboulis de pierres. Intrigués, ils s’engagent dans cette sorte de « chatière » et après avoir rampé de longs instants, accèdent aux entrailles de la grotte. C’est alors un émerveillement : des centaines de peintures ornent les parois, dont les concrétions blanches et ocres scintillent à la lueur des torches. D’innombrables ossements jonchent le sol, des traces de feux de bois paraissent inaltérées, comme si l’horloge du temps s’était soudain interrompue…
Cette découverte donna lieu bien évidemment à maintes études scientifiques, à de multiples conférences de chercheurs et à des datations précises au radiocarbone .
Et ce n’est que le 18 janvier 1995 que l’annonce est solennellement divulguée par le Ministre de la Culture de l’époque, Jacques TOUBON, déclenchant un enthousiasme médiatique exceptionnel.
L’intérêt redouble lorsque sont connues les premières datations : il s’agit de peintures réalisées par nos lointains ancêtres les « Aurignaciens » il ya 36. 000 ans ! C’est là le plus ancien témoignage de l’art pariétal au monde !
La dimension majeure de cette découverte implique deux impératifs :
– proscrire l’ouverture au grand public, afin de préserver ce joyau de l’art paléolithique;
– se donner la possibilité de la faire découvrir au monde entier.
Pour ce faire, il faut donc la cloner.
C’est ainsi qu’après vingt ans de travaux gigantesques apparaît « la Caverne du Pont d’Arc», fac-similé de la Grotte Chauvet, calquée au millimètre près, la plus importante réplique de grotte ornée au monde.
Dès l’entrée, nous sommes plongés au cœur du sujet, 36. 000 ans en arrière. Au sol, les empreintes des ours des cavernes, les plus anciens habitants de la grotte, et leurs griffures sur les parois nous interpellent.
Dans un jeu d’ombres et de lumières, les œuvres se dévoilent. Une trentaine de panneaux recouverts de peintures exécutées à la manière des artistes aurignaciens, à l’aide de pigments naturels ou de fusains de charbons de bois, représentent un fabuleux bestiaire composé de 430 animaux, où voisinent lions, chevaux, mammouths, rhinocéros, bouquetins, rennes, cerfs, bisons, aurochs, hyènes et panthères !
Le « panneau des chevaux » constitue une des merveilles de la caverne : ils sont présentés dans une posture qui suggère le mouvement, selon des techniques de perspective et de relief, si bien que l’on ne sait s’il s’agit de plusieurs animaux qui galopent ou d’un seul élément dont les déplacements seraient décomposés pour donner l’idée de mouvement.
Autre merveille « la fresque des lions » : sur un panneau de 12 mètres de long, lions, lionnes et lionceaux traquent des bisons, au total 92 animaux semblent s’affronter dans une lutte sans merci.
On ne peut qu’être impressionné devant le talent de nos lointains ancêtres et s’interroger sur leurs motivations, surnaturelles, voire spirituelles, les ayant incités à produire de tels chefs-d’œuvre au fond d’espaces souterrains, destinés à rester à jamais cachés au monde !
Le visiteur progresse dans ce site majeur de l’Art préhistorique comme dans un sanctuaire, imprégné de l’incommensurable majesté du lieu.
Grâce à la Caverne, ouverte au public depuis le 25 avril 2015, la Grotte Chauvet-Pont d’Arc longtemps méconnue en France et dans le Monde, est passée de l’ombre à la lumière
Le Musée de la Châtaigneraie
Joyeuse, petite cité médiévale, abrite un musée quelque peu insolite, celui de l’ « arbre nourricier », l’« arbre généreux », l’« arbre à pain », le châtaignier !
Vieux de plusieurs millions d’années, il a traversé les siècles constituant la base de nourriture de la paysannerie médiévale. Affectionnant les sols schisteux, il modela de tous temps le paysage cévenol ardéchois.
Au gré des différentes pièces d’exposition, nous nous initions aux méthodes de la castanéïculture, du ramassage à la conservation des fruits en passant par le tri ou le décorticage. Il est intéressant d’observer l’évolution, à travers les siècles, des outils du castanéïculteur et de noter l’invention de machines capables de cumuler plusieurs opérations.
La dernière salle nous présente différents mobiliers en châtaignier: maies, échelles, sabots…
Et des « berles » ! …Cela mérite une explication : Avec l’âge, le châtaignier se creuse ; l’ingéniosité paysanne sut tirer profit de ces troncs creux ( berluts en occitan) ; une porte est rajoutée devant une section de tronc pour devenir une armoire, une table de chevet ou un saloir !
Après avoir nourri la population pendant plus de mille ans, le châtaignier connaît, à partir du 19ème siècle, une période de déclin qui va durer jusqu’aux années 1960, les châtaigneraies ardéchoises passant de 60.000 ha à 6.000 ha.
L’organisation des producteurs en coopératives ainsi que l’apparition du marron glacé participent à freiner le déclin de la production fruitière.
Actuellement, l’Ardèche avec ses 6.000 tonnes annuelles se place au premier rang des départements français producteurs de châtaignes et au huitième rang mondial.
L’après-midi s’achève par une visite de Joyeuse. La légende raconte que Charlemagne revenant d’Espagne, ayant ici établi son campement, aurait perdu son épée, Joyeuse. L’ayant retrouvée, il promit qu’un domaine serait construit sur ces terres et porterait le nom de la glorieuse épée !
Une courte promenade nous permet de découvrir le château ducal abritant actuellement l’hôtel de ville, les hôtels particuliers du 17ème, les remparts, les ruelles escarpées, les escaliers, à l’assaut desquels se lancent les plus courageux ! Leur récompense les attend : le macaron, spécialité joyeusaine, qu’il nous est loisible d’acquérir … et de déguster!
La dernière soirée
Joyeuse ! Telle se révéla notre soirée de gala, point d’orgue de nos pérégrinations ardéchoises
Nous avions tous respecté le « dress-code » ! C’est ainsi qu’aux prémices de la musique, le « Rouge et le Noir » investissent la piste, s’agitent, s’enlacent ou virevoltent, créant une homogénéité non dénuée d’élégance !
Ce soir, point d’étiquette ! Seniors, animateurs … directeurs, chacun s’exprime et manifeste dans la bonne humeur ses talents de danseur !
Puissent la direction des Sénioriales et plus particulièrement MM Thierry Varenas, Responsable de la vie des copropriétés et Fabian Panigoni Responsable des animations être remerciés de mettre en œuvre, chaque année, ces rencontres festives, où cohabitent le tourisme et la culture, où prévalent l’amitié, l’échange et la convivialité.
Michèle BALLERY
Les Senioriales de BASSAN