Si vous étiez une abeille et si, en plus, vous aviez le choix de votre destinée, préféreriez-vous être :
une abeille-gardienne, qui filtre les entrées de la ruche et dirige les butineuses vers les sections appropriées, une abeille-femme de ménage, responsable de la propreté de la ruche, chargée aussi d’éliminer les cadavres, une abeille-ventileuse qui, grâce à ses milliers de battements d’ailes crée, avec toutes les autres ventileuses, un courant d’air qui maintiendra au meilleur niveau la température et l’hygrométrie de la ruche, une abeille-architecte, qui crée au dixième de millimètre près les cellules où seront placées les larves qui grandiront, selon le sexe, d’un côté ou de l’autre du rayon, une abeille-ouvrière, dont le rôle principal est de nourrir la Reine et les larves, une abeille-butineuse, qui récolte le précieux nectar ? Cependant, quand vous la voyez passer, légère et affairée, de fleur en fleur, il ne lui reste en fait que quelques jours à vivre. C’est un peu triste…
Et pourquoi pas une Reine, nourrie exclusivement de gelée royale, bien sûr, et qui reste l’unique, après avoir décapité ses neuf concurrentes. Grâce aux phéromones qu’elle produit et qui ne seront reconnus que par les faux-bourdons venus d’autres ruches que la sienne (ce qui évite toute consanguinité) elle sera fécondée lors de vols mouvementés et cela, pour toute la durée de son règne. Elle pondra quelques 2500 oeufs par jour, pendant au moins trois ans.
Mais pour une vie de pacha, alors il faut choisir d’être un Faux-Bourdon, confortablement logé, copieusement nourri, dont l’unique activité sera de féconder une Reine, un jour, s’il y réussit …
L’apicultrice qui nous a reçus nous a montré leur collection de ruches anciennes, en osier, recouvertes de bouse de vache pour l’isolation. Elle nous a expliqué les procédés d’extraction du miel, dans la miellerie qui embaume la cire. Et nous avons goûté, pour terminer, une demi-douzaine de différents miels : d’acacia, pour adoucir la gorge, de bruyère, pour les voies respiratoires, de chêne (en fait, un exsudat de l’arbre). Et on est repartis chargés!