Certes vous ne manquerez pas de croiser un de ses représentants dans les allées d’un marché de Noël ou dans un centre commercial. Mais le vrai père Noël et surtout son esprit ont de quoi s’inquiéter des dérives mercantiles et de la façon dont cette fête familiale (et religieuse selon), qui vient ponctuer la fin de l’année, a pu évoluer ces derniers temps.
Emergence de cette fête, quelques rappels utiles
Ethymologie du mot pour commencer
Des origines diverses et controversées comme souvent quand les évolutions de mots de langage doivent faire face aux revendications religieuses (chrétiennes ou païennes en l’occurrence). Pourtant pour beaucoup, les origines du mot Noël sont gauloises, le mot « Noël » viendrait de deux mots gaulois « noio » (nouveau) et « hel » (soleil). Cette origine fait référence au caractère profane de la fête et notamment à la fête du solstice d’hiver fêtée par les Gaulois.
En France, des mots d’origine latine subsistent pour désigner la fête de Noël dans beaucoup de langues régionales :
– Nedeleg en Bretagne
– Nadal en Provence
– Noué dans le Nord
– Nouel en Normandie
– Nouvé en Franche-Comté
Ce lien à la « renaissance du soleil » est bien plus marqué chez nous que dans de nombreux autres pays. En anglais Noël se dit « Christmas » (les Messes du Christ), en Allemand « Weihnachten » (Saintes Nuits).
De là à y voir un des ingrédients de notre pays laïque…
La fête chrétienne
En tant que fête chrétienne, elle commémore chaque année la naissance de Jésus de Nazareth et est célébrée le 25 décembre dans les calendriers grégorien et julien. Or aucun texte chrétien ne précise quel jour dans l’année est né Jésus-Christ. Il faut attendre le IVème siècle pour que la date du 25 décembre soit choisie comme date pour la fête de Noël, principalement dans le but de la substituer aux fêtes païennes qui étaient d’usage à l’époque.
Et le père Noël dans tout ça ?
Si le personnage est inspiré du Saint Nicolas chrétien, notamment par ses habits, il peut également être assimilé à Julenisse, un lutin scandinave qui avait la même fonction à la fête de la mi-hiver, jul, en norvégien, (ou « Jol » ou « Midtvintersblot » correspond au solstice d’hiver) et aidait aux travaux de la ferme. Il est d’invention anglo-saxonne et protestante au XIXème siècle, de Charles Dickens notamment avec ses cinq Livres de Noël. Il est communément reconnu qu’une célèbre boisson gazeuse a fortement contribué à sa popularisation, que ses habits originellement verts ont laissé place à du rouge plus accrocheur (un peu de marketing déjà) et plus raccord avec le logo de cette boisson (faisant du personnage leur premier ambassadeur européen, dans une période post guerre mondiale, propice à la création de ce type de personnage à la bonhomie rassurante). En savoir +
Pas de Noël sans cadeaux ?
Vous en conviendrez, dans l’esprit des moins de 18 ans (voire moins de 25 ans, l’âge adulte au sens statistique paraît-il) un Noël sans cadeaux, ce n’est pas vraiment Noël…
Pour les chrétiens, ces cadeaux font référence aux cadeaux offerts à l’enfant Jésus par les rois mages : l’or, l’encens et la myrrhe. D’un point de vue sociologique, l’échange de cadeaux est de l’ordre du don, nous créons, maintenons et consolidons des liens selon l’anthropologue Gérald Berthoud comme pour une « matrice sociale ».
Aujourd’hui la réalité commerciale a transformé le cadeau de Noël en fondement économique majeur du commerce pendant les deux mois qui précèdent Noël.
Nous vous proposons dans ces infographies de découvrir l’évolution des cadeaux, d’un point de vue financier en particulier, depuis un siècle.
Noël aujourd’hui
L’échange de cadeaux traditionnels a-il un avenir ? 2 tendances lourdes se dégagent : des cadeaux « commandés » qui excluent toute surprise ou des chèques (cadeaux ou de banque).
Une simple formalité en somme, loin du plaisir réciproque recherché : trouver le bon cadeau et faire plaisir / surprendre.
Nous sommes globalement tous contre cette tendance mais la problématique ou l’évolution (bonne ou mauvaise selon) est bien réelle. Quelques points à considérer : des goûts qui se font plus complexes, un budget temps & argent limité, des courses de dernière minute dans des grands magasins bondés à éviter, internet comme solution moderne mais qui retire une part du charme des courses de Noël… Et que dire de la revente importante de cadeaux quelques jours seulement après les fêtes, sans retenue ?
Le père Noël sera encore cette année très sollicité avec près de 2 millions de lettres rien qu’en France, 8 millions dans le monde (lire cet article à ce sujet). Pourquoi n’en profiterions-nous pas pour lui demander des comptes ? Non tous les enfants n’ont pas été sages…
N’oublions pas que cette fête est avant tout propice au rassemblement familial. Au-delà de son rôle de représentation dans l’industrie du jouet le père Noël (pour enfants & adultes) devrait être aussi garant de cette posture, de cet état d’esprit, comme prédisposition indispensable pour passer un joyeux Noël !